<a
href="#histoire"> l'histoire des comores</a>
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<a
href="#periode"> la periode coloniale</a>
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<a
href="#independance">l'independance</a>
<h3 id="histoire">histoire des
comores:</h3>
<p>Situées
près de Madagascar et proches de l’Afrique, les
Comores se trouvent sur la route des moussons qui fait de
l’océan Indien un carrefour plutôt
qu’une barrière. Les pétroliers
géants du XXe siècle ont
été précédés par
les boutres arabes, les praos malais et les pirogues africaines.
Leur peuplement est complexe et on est loin
d’en connaître toutes les données :
mélange dans un mélange, celui de la culture
swahili à laquelle les Comores ressortissent comme
variété régionale. L’islam
est la marque visible de cette unité culturelle, et les
descendants de ses propagateurs, Persans et (ou) Arabes,
mêlés par des générations de
mariages ou de concubinages aux descendants des Africains qui les
avaient précédés, en ont
assimilé de nombreux traits. L’organisation
sociale en sultanats, qualifiés de féodaux par
les explorateurs portugais du XVIe siècle,
n’était pas fondamentalement différente
des chefferies côtières du continent. Elle
était mal adaptée pour résister
à l’impérialisme de
l’ère industrielle, et seule la
rivalité entre les puissances retarda,
jusqu’à la fin du XIXe siècle,
l’annexion des Comores par la France qui, les ayant
conquises, les oublia jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale, à l’aube de la
décolonisation. Cette décolonisation ne semblait
pas devoir créer de problème entre les
détenteurs des intérêts
économiques locaux (compagnies coloniales ou compradores
comoriens) et la métropole. Un conflit éclata
cependant, dû au soutien apporté à la
sécession de Mayotte , et aboutit à la
déclaration unilatérale
d’indépendance du reste de l’archipel (6
juill. 1975). Cette mesure ne suffit pas à sauver le
gouvernement du nouvel État présidé
par Ahmed Abdallah, héritier de l’administration
coloniale française. Il fut renversé par un coup
d’État, dirigé par Ali Soilih, qui
instaura un régime visant à bouleverser les
structures politiques et économiques archaïques,
avec l’appui de la jeunesse et des femmes. Le 13 mai 1978,
les mercenaires de Bob Denard mirent fin à cette tentative
et rétablirent au pouvoir Ahmed Abdallah. Les
réformes furent abolies et un régime conservateur
fut instauré, les revendications sur le retour de Mayotte
étant maintenues en sourdine.
Après l’assassinat
d’Ahmed Abdallah par ses mercenaires, en 1989, le pouvoir est
exercé par Saïd Mohamed Djohar. La politique des
trois îles indépendantes demeure très
influencée par la France et par l’Afrique du
Sud.</p>
<h5>Les
Comoriens : Africains et Orientaux</h5><br/>
Il est difficile de dater avec précision
l’arrivée des premiers habitants, mais il est
vraisemblable que le peuplement d’origine africaine
précéda la venue des Arabo-Shirazi et des
Malgaches. Il semble probable que la vague de population africaine
originaire de la côte orientale d’Afrique a atteint
les Comores à l’âge du fer, entre le Ve
et le Xe siècle. Malheureusement, on ne sait que peu de
chose sur cette période. Ont-ils été
les premiers ? Ont-ils été
précédés par des Protomalgaches en
route vers Madagascar ? ou par ces navigateurs commerçants
d’origine indéterminée
désignés ultérieurement comme
Antalotes ? Toujours est-il que la chronique de Saïd Bakari
qui relate l’origine des sultanats de Grande Comore
suggère que les premiers arrivants venaient
d’Afrique. La chronique de Kilwa, quant à elle,
fait remonter la venue des premiers Arabo-Shirazi au XIe
siècle à Anjouan (Kilwa fut
érigé en sultanat par un prince persan originaire
de Shiraz, en 975). Les courants marins et les régimes des
moussons rendent également plausibles des passages,
à une époque reculée, de gens venant
d’Asie du Sud-Est. Certains éléments
très anciens de la civilisation comorienne proviennent
probablement, directement ou non, de cette région (pirogue
à balancier, bétel, cocotier et
peut-être riz). De toute façon, ce n’est
sans doute qu’à partir du XVIe siècle
que l’arrivée aux Comores d’une nouvelle
vague d’Arabo-Shirazi (venant soit directement de " Shiraz ",
terme désignant, en fait, le golfe Arabo-Persique, soit de
la côte est du continent appelée Zanj ou Mrima)
transforma en profondeur la société existante,
les nouveaux venus dominant les chefs traditionnels et (ou)
s’alliant à eux par des mariages. C’est
de cette époque que datent des sources écrites,
manuscrits en arabe, en swahili ou en comorien en graphie arabe, qui
permettent de reconstituer des généalogies. On
dispose parallèlement de récits de navigateurs
européens : les Portugais
s’installèrent même en Grande Comore de
1500 à 1505, déclenchant un mouvement de fuite
des Grands Comoriens vers les autres îles, et notamment
à Mchambara (qui deviendra Mtzamboro) au nord-ouest de
Mayotte. L’archipel est désormais
organisé en sultanats et la société
divisée en classes plus ou moins rigides (wakabaila : les "
nobles " ; une classe d’hommes libres : agriculteurs,
bouviers, pêcheurs ; les esclaves). L’islamisation
s’impose de façon plus
générale : construction de la première
mosquée en pierre de Mayotte, à Chingoni en 1566,
et de celle d’Anjouan, à Sima, à peu
près à la même époque.
C’est au XVIe siècle également
qu’une troupe de Malgaches Sakalava
s’établit dans le sud de Mayotte. Dès
cette période coexistent dans l’île un
peuplement arabo-shirazi au nord et un peuplement sakalava au sud, le
tout sur fond d’origine africaine.<br/>
Aux XVIe et XVIIe siècles, des navigateurs
européens, en route vers les Indes, font escale aux Comores.
À partir du milieu du XVIIIe siècle, les quatre
îles sont victimes de razzias organisées par des
pirates malgaches. Ces incursions affaiblissent les îles et
poussent les sultans à rechercher la protection des grandes
puissances. En 1841, Mayotte est aux mains d’un sultan
né à Madagascar, Andriansouli, qui, sentant le
contrôle de l’île lui
échapper, préféra la vendre au
commandant Passot de la marine française contre une rente
viagère de 1 000 piastres. Louis-Philippe
entérina cette acquisition en 1843. L’installation
de la France à Mayotte fut suivie de cinquante ans de
rivalités franco-britanniques dans
l’océan Indien, particulièrement dans
les autres îles qui, de ce fait, demeurèrent
formellement indépendantes. Mais le rôle
prédominant joué par quelques aventuriers poussa
les autorités françaises à intervenir
bien avant l’annexion. En 1865, la reine de Mohéli
concède à Lambert l’exploitation de
toutes les terres de son choix. En Grande Comore, le sultan
Saïd Ali procède de même avec
Léon Humblot qui finira par l’évincer
et deviendra le véritable maître de
l’île jusqu’à sa mort en 1904.
La monopolisation des meilleures terres, l’imposition du
travail forcé déclenchent des insurrections
(1856, Mayotte ; 1889, Anjouan ; 1896 et 1902, Mohéli ;
1890, Grande Comore) qui entraînent des interventions de la
marine et l’installation de l’administration
françaises. En 1890, un accord intervient entre la France et
la Grande-Bretagne, laissant les mains libres aux Anglais à
Zanzibar et aux Français aux Comores et à
Madagascar. Le rattachement juridique des trois autres îles
à Mayotte s’effectua en 1904 ; il fut suivi, le 9
avril 1908, d’un second décret rattachant Mayotte
et ses dépendances à Madagascar. La loi
d’annexion du 25 juillet 1912 ne fit que confirmer ces
décrets.<br/>
Il n’y a pas un type physique comorien mais
tout un spectre de métissages allant du plus clair,
à dominante arabe, au plus foncé, à
dominante africaine. Ce cocktail génétique
– sur un fond africain des apports arabes,
indonésiens-malgaches et même indiens et
européens – n’empêche pas
qu’une unité culturelle profonde rattache
l’archipel à l’aire de culture swahili,
laquelle s’étend le long de la côte de
la Somalie au Mozambique en incluant les îles (Pate, Lamu,
Pemba, Zanzibar, Mafia et Comores). Il ne s’agit pas de nier
les particularismes de chaque île, ni les variantes
régionales à l’intérieur
d’une même île, mais de
dégager les éléments communs
à l’ensemble comorien. Une langue, le comorien,
divisée en deux groupes dialectaux : d’une part,
anjouanais/mahorais ; d’autre part,
grand-comorien/mohélien.
L’intercompréhension entre locuteurs des quatre
parlers est possible même si elle demande un effort ; par
contre, il n’y a pas intercompréhension avec le
swahili standard, fondé sur le parler urbain de Zanzibar,
qui ne servait que de langue diplomatique et commerciale dans les
rapports de l’archipel avec le reste de la
région.<br/>
Le ciment véritable de toute cette culture
est l’islam (sunnite, rite shaféite). Sa pratique
rigoureuse influence la vie de chaque individu par le respect des cinq
obligations de l’islam, mais n’en laisse pas moins
subsister un complexe de coutumes d’origine africaine
préislamique, très proches de celles des peuples
du continent : dévolution matrilinéaire des
droits fonciers et responsabilité de l’oncle
maternel sur les enfants de sa sœur, par exemple, ou encore
rôle des devins thaumaturges, les Mwalimu (de
l’arabe ’ulama , " savants "), identique
à celui des " féticheurs " traditionnels. Le "
grand mariage ", source de dépenses ostentatoires aux
conséquences économiques néfastes, est
également un exemple d’institution africaine
islamisée, dont le rituel (danses, notamment) n’a
rien de coranique ou d’arabe.<br/>
C’est précisément ce
mélange fonctionnel de traits culturels africains et
orientaux qui caractérise la culture swahili dans son
ensemble. En témoigne la facilité avec laquelle
les Comoriens expatriés s’insèrent dans
la vie sociale des autres îles et établissements
côtiers. Certains lignages nobles sont ainsi
représentés jusqu’aux confins
somalo-kényans, leurs membres occupant des fonctions
administratives et religieuses importantes, à Lamu et
Zanzibar entre autres. Parallèlement, une
émigration populaire nombreuse a fourni des ouvriers et des
petits cadres de Madagascar à la péninsule
arabique et même au-delà.<br/>
Les Indiens, minorité musulmane Chiite, de
rite ismaélien, pratiquent une endogamie presque totale et
conservent en famille l’usage de la langue du Gudjarat
(province d’origine de la plupart d’entre eux). Ils
sont essentiellement commerçants et entretiennent des liens
familiaux et économiques dans toute la région.
Les chrétiens, en très petit nombre, sont les
descendants de créoles des Mascareignes ou des
métis français.<br/>
<h3 id="periode">
La période coloniale</h3>
<p>
À partir de 1912, l’archipel
cesse d’intéresser les autorités
françaises, et les conséquences de cette
politique de l’oubli – retards accumulés
dans tous les domaines – restent sensibles
aujourd’hui. La " mise en valeur " des Comores est
laissée aux sociétés coloniales
(Bambao à Anjouan, avec sa filiale en Grande Comore, la
S.A.G.C., etc.). Elles possèdent les trois quarts des terres
cultivables et se spécialisent successivement dans la
production de la canne à sucre, de la citronnelle, de la
vanille, du sisal, puis la prééminence est
donnée aux plantes à parfum et au coprah dans les
années soixante et au girofle à partir de 1970.
Tout cela se fait au détriment de la culture des
denrées de consommation locale.<br/>
À partir de 1946, les Comores sont
détachées de Madagascar et
représentées directement au Parlement
français. Le Conseil général devient
en 1952 l’Assemblée territoriale avec pouvoir
délibératif sur les questions non politiques. La
loi-cadre Defferre de 1956 institue un collège
électoral unique (Français et musulmans) qui
élit une assemblée territoriale
siégeant à Moroni, tandis que le Conseil de
gouvernement (élu par l’Assemblée) se
réunit à Dzaoudzi (Mayotte). Un régime
d’autonomie interne, mis en place en 1961 et
élargi en 1968, doit préparer une transition
harmonieuse vers l’indépendance. Mais la vie
politique comorienne – dominée jusqu’en
1970 par Saïd Mohamed Cheikh, fondateur du " parti vert "
– reste très conservatrice et ménage
à la fois les hiérarchies féodales et
les intérêts coloniaux.
</p>
<a
name="independance"></a>
<h3>l'independance</h3> <br/>
L’exécutif
français s’était engagé
à ce que l’indépendance intervienne "
dans le respect de l’unité de l’archipel
" et tous les discours comoriens soulignaient qu’elle devait
se produire " dans l’amitié et la
coopération avec la France ". Le résultat global
du référendum du 22 décembre 1974
donne 95 p. 100 de " oui " à
l’indépendance, les " non " ne
l’emportant – par 60 p. 100 des suffrages
– que dans la seule île de Mayotte. Le Parlement
français, sur proposition du groupe R.P.R. (sans doute
mû en partie par des considérations de politique
intérieure métropolitaine), refuse
d’entériner ce résultat et, par la loi
du 3 juillet 1975, soumet la reconnaissance de
l’indépendance à l’adoption
préalable d’une constitution île par
île. Craignant d’être
débordé par l’opinion comorienne, le
président du gouvernement, Ahmed Abdallah, proclame
unilatéralement, le 6 juillet,
l’indépendance des Comores, dont il devient le
premier chef d’État. Ce faisant, il apporte une
victoire inespérée au Mouvement mahorais qui
proclame sa volonté de rester dans le cadre de la
légalité française.<br/>
Le
3 août 1975, un coup d’État porte au
pouvoir le prince Jaffar, l’organisateur réel, Ali
Soilih, restant au second plan. Le 21 septembre, les mapindouzi ("
révolutionnaires "), encadrés par six mercenaires
dont Bob Denard, prennent le contrôle d’Anjouan,
capturant Ahmed Abdallah qui sera autorisé, quelques mois
plus tard, à quitter les Comores. <br/>
En
octobre 1975, l’O.N.U. reconnaît
l’État comorien dans ses limites coloniales, ce
qui provoque l’échec des négociations
menées à Paris en vue de conclure un accord
transitoire permettant la réintégration
à terme de Mayotte. Le 21 novembre, Ali Soilih organise, sur
Mayotte, une " marche rose " pacifique, qui échoue, mais
amène la France à retirer d’un coup et
sans préavis tous les fonctionnaires et agents, laissant
tous les services sans techniciens et les lycées sans
enseignants.
<h5>La tentative
révolutionnaire d’Ali Soilih</h5>
<p>Le
2 janvier 1976, Ali Soilih remplace le prince Jaffar à la
tête du pays. Il entreprend de consolider
l’État : création d’une
armée, organisation d’une diplomatie conduite par
Mouzaoir Abdallah et orientée vers la recherche
d’aides extérieures destinées
à combler les vides laissés par le retrait
français. Le nouveau président encourage les
lycéens, laissés à la rue par la
fermeture de leurs établissement, à
s’organiser en comités pour lutter contre les
traditions les plus paralysantes : dépenses ostentatoires
des grands mariages et des funérailles, " superstition et
charlatanisme ", port du voile. Ces comités suscitent, par
leurs excès, l’animosité de
l’ensemble de la population, et cette effervescence sociale
n’est malheureusement pas contrebalancée par une
amélioration sensible en matière
économique, exception faite d’importations
massives de viande vendue à un prix subventionné.
Deux événements viennent noircir le tableau : le
massacre, à Majunga (Madagascar), du 20 au 22
décembre 1976, de plus d’un millier de Comoriens
impose le rapatriement de dix-sept mille survivants ; puis une
coulée de lave, le 5 avril 1977, engloutit le village de
Singani à 20 kilomètres au sud de la capitale.
Décidé malgré tout à
parachever l’action des comités contre les
notables, Ali Soilih prononce le 12 avril la dissolution de
l’administration, tous les fonctionnaires étant
licenciés et les " paperasses "
brûlées. Moins de deux mois après ce
geste théâtral, les Comores sont dotées
d’une nouvelle Constitution ; d’une administration
" légère ", décentralisée,
reprenant les meilleurs éléments de
l’ancienne, et de six sociétés
d’économie mixte pour les secteurs
clés. Mais cette façon de " faire table rase "
finit d’accréditer à
l’extérieur l’image d’un
régime anarchique et tarit le flux,
déjà réduit, des aides
internationales. Celles-ci vont faire cruellement défaut
pour mener à terme des programmes économiques
entrepris sans attendre les financements extérieurs :
développement de la culture du maïs hybride,
culture associée vanille girofle bananier, modernisation de
la pêche. La construction des bâtiments des
moudiria (surdimensionnés), qui doivent être les
bases régionales de l’administration
décentralisée et les pôles du
développement, n’en finit pas, drainant toutes les
ressources publiques ; les fonctionnaires ne sont payés
qu’avec plusieurs semaines de retard. Le
mécontentement causé par ces
difficultés financières est aggravé
par des retards dans les importations de riz (aliment de base
d’un bon nombre de Comoriens) et par de nouvelles campagnes
du pouvoir populaire pour neutraliser les foyers d’opposition
que constituent les mosquées. L’armée
doit reprendre le contrôle de Mohéli le 28
décembre 1977 et fait plusieurs morts et de nombreux
blessés à Iconi le 17 mars 1978. Le
régime s’use : un
référendum, organisé en octobre 1977,
ne donne que 55 p. 100 de voix en faveur du maintien d’Ali
Soilih au pouvoir.</p>
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